La chanson que chante les fées des bois : Cliques ici pour écouter

Le temps était grisâtre. La pluie menaçait de tomber. Je le sentais dans l’atmosphère. Tout portait à croire que c’était une mauvaise journée. Ou était-ce ma vue qui aurait pu déprimer n’importe qui. Je ne distinguais pas une belle journée ensoleillée d’une Vivre dans un monde gris, noir et blanc n’était pas facile. Je ne connaissais ni le rose adorable, ni le rouge passionnel, ni le vert naturel. Mon monde n’était que nuances de gris variant dans le noir pour les plus sombres et le blanc pour les plus claires. Mais, je ne m’estimais pas malchanceux, car je ne pouvais pas me plaindre de quelque chose que je n’avais jamais eu.
Je fermais ma veste car il faisait un peu froid en ce moi de mars, bien que les cerisiers soient déjà en fleur. J’aurais aimé voir ce que voyais les gens normaux, avec un regard coloré. Je marchais sur un petit chemin de terre, bordé d’une série de cerisiers, et leurs pétales m’entouraient au gré du vent, faisant une pluie douce et parfumée sur moi. Certains pétales persistaient à rester accroché à ma veste.

La paysage était pourtant paisible, silencieux, désert de toute trace humaine. Quelque chose que j’appréciais particulièrement. Le calme des étendues naturelles. J’étais persuadé que des esprits naturels vivaient ici.
Je quittais le petit chemin de terre pour m’aventurer dans l’herbe fraîche. Le vent soufflait tranquillement dans mes cheveux, si bien que je crus que mon bonnet allait tomber à un moment. Par réflexe je mis ma main sur celui-ci, de peur de le perdre. Mes yeux dorés parcoururent l’espace vide, un plus loin, se trouvait la lisière d’une forêt. De là, il me semblait que le vent me soufflait comme des paroles de chansons douces. Comme envoûté par ces si jolies voix, je m’approchais du lieu avant de découvrir des fées des bois s’envoler loin de moi, sûrement apeurées par ma présence, seulement la jolie musique continuait. J’avais une très bonne ouïe de base, mais avec mes écouteurs sur les oreilles, j’entendais aussi bien qu’un loup en quête de proie. Je fermais les yeux. Cette chanson si douce me mettait du bôme au cœur.

A présent dans la forêt, je ne faisais confiance qu’à mon ouïe, les zones étaient si sombres que les nuances que je percevais en devenait trop confuses. Je ne distinguais plus rien, mis à par la lumière de la lisière derrière moi. La pluie commença à tomber lentement, rendant la scène un peu triste bien qu’elle soit belle. Un bruit dans mon dos m’alerta, et je tournais lentement la tête vers l’origine du bruit, bien que l’apparence ne m’apparaissait pas, je savais exactement où était sa position grâce aux bruits que l’individu faisait.

Je plissais les yeux pour tenter de voir la personne qui s’approchait mais sans succès. Je mis ma main sur le tronc d’un arbre pour m’y appuyer. Je restais tranquille, montrant que j’étais tout à fait inoffensif. Je n’espérais pas tomber sur un ennemi. Je pris une profonde inspiration en ne soufflant pas le moindre mot. J’attendais qu’il s’avance à moi, puisqu’il venait de me déranger dans ma contemplation de la nature. D’ailleurs, la musique s’était tue…

J’observais le jeune homme qui s’avancer vers moi. Il ne me semblait pas au fur et à mesure qu’il s’approchait, être une menace. Le vent m’apporta le son de sa voix que je reconnus quand il murmura mon prénom. J’observai un moment Morgan, brun, imposant, semblant sûr de lui, sombrement vêtu, tout le contraire de moi. L’étudiant avança jusqu’à une éclaircie de la forêt et je pus alors voir clairement son visage. Je me rapprochais de lui pour le saluer, ne faisant qu’un simple signe de tête avant de répondre :

- C’est ainsi que l’on me nomme. Dis-je avec un air plus ou moins gêné. Je mis mes mains dans mes poches. Je n’éprouvais pas vraiment de gêne à lui parler franchement puisqu’il avait déjà complimenté ma voix et l’avait déjà plusieurs fois entendue. Cependant, ce n’était qu’une simple connaissance, je restais donc inexpressif à son égard, ni sympathie, ni dégoût. Simplement neutre, même si j’avais sauvé son frère.

- … Que fais-tu par ici ? Dis-je après quelques minutes pour engager la conversation. Un bruit dans mon dos me glaça le sang. C’était quelque chose de froid, de glacial même, comme quelque chose de menaçant, mais moi je ne voyais rien. Le bruit cessa et je pus de nouveau regarder Morgan. Nous étions déjà bien enfoncé dans la forêt dense d’Oemiru, cela ne m’étonnerait pas que l’on tombe sur une de ces créatures monstrueuses. Je soupirais légèrement, tripotant mes poches, d’un air toujours plus ou moins embarrassé et mis blasé.

Je regardais Morgan qui sembla se décider sur l’origine du son, aussitôt il me lança un regard un peu perturbé que je ne compris pas tout de suite et il se mit à courir en sens inverse. J’aurais bien aimé le suivre mais moi je ne voyais pas aussi bien que lui et il l’idée de courir dans un monde inconnu et quasiment invisible pour mes yeux me semblait être une idée folle. Je fis un pas et une branche craqua. J’haussais les épaules me demandant toujours pourquoi il s’était mis à fuir comme ça.

Le cri était terrifiant et il me laissait d’étranges impressions de menaces. J’étais un peu troublé mais dans la situation dans laquelle j’étais je ne pouvais pas faire grand chose. Je tâtais les alentours, marchant d’arbres en arbres d’une lenteur infinie. Je ne voyais strictement rien, ne captant pas les différences nuances de la forêt, trop sombres pour ma rétine.

L’animal arriva derrière moi. J’eus un frisson en sentant son souffle dans ma nuque.